Un témoignage recueilli par NouvelObs.com et mis en ligne sur le site il y a 2 jours.
Sombre carnet de voyage rédigé par un familier du Tibet, un amoureux de son peuple, de ses paysages, de sa culture et de ses traditions aujourd'hui menacées d'extinction.
Publié sous le pseudonyme de Carlo Blanco (...!), pour "ne pas mettre en danger les personnes qu’il a rencontrées", ce texte - long mais si bien écrit qu'il parvient à embarquer le lecteur attentif au coeur de la violente tourmente dans laquelle est pris au piège le peuple tibétain - est édifiant, écoeurant et emprunt d'une belle empathie envers ces habitants du toit du monde, qui se voient dépouillés de force de leur identité et contraints de renier leurs valeurs.
Extrait édifiant :
Nous nous retrouvons dans ma chambre d’hôtel, bientôt rejoints par un autre ami qui est professeur d'école. Il me montre son téléphone portable dont il a retiré la batterie et me demande de faire la même chose. L'éteindre ne suffit pas car la police peut se servir de nos portables comme micro et écouter toutes nos conversations. Je m'empresse de l'imiter et il me raconte combien tout est lu, écouté. Il y a des centres d'espionnage multiples, pour tous les dialectes tibétains et quelques langues étrangères.
Le pauvre ! Il doit aller plusieurs fois par semaine écouter des séances de rééducation patriotique et répondre à toutes sortes de questions. Tous les directeurs d'école sont tenus d’y assister et apprendre par coeur des louanges du gouvernement communiste, critiquer le gouvernement tibétain en exil et le système féodal du passé mené par le Dalaï-lama. Ils doivent aussi mémoriser le détail de tout ce que les Chinois ont apporté au Tibet sur le plan économique et social.
Extrait écoeurant :
On m’a parlé de prisonniers auxquels la famille avait apporté de la nourriture. Ils en ont été punis : on leur a déboîté les épaules, détruit les cartilages des coudes, des genoux et laissés handicapés à jamais. Ils endurent aussi des séances de matraque électrique si intenses que leurs neurones peuvent disjoncter. Ils se font retirer beaucoup de sang, sont utilisés comme jouet sexuel ou comme jouet d’entraînement aux arts martiaux. Beaucoup perdent la vue, deviennent infirmes à vie. On parle de prisonniers qui ont été libérés au seuil de la mort pour qu’ils aillent agoniser ailleurs.
Extrait empathique :
Actuellement, le système millénaire des nomades est gravement menacé par les nouvelles politiques. Ils doivent quitter leurs terres, vendre à bas prix leurs animaux et sont forcés d'habiter dans de vieilles prisons ou des lotissements inappropriés à leur culture. Ils n'ont aucune expérience du commerce ni de l'agriculture, et se retrouvent extrêmement malheureux et démunis devant un poste de télévision dont les programmes ne leur parlent que de rêves qu'ils ne pourront jamais vivre. Essayer de discuter ou de s'opposer aux ordres du gouvernement est toujours remercié par une arrestation, la prison, la torture et des amendes.
Le récit de Carlo Blanco à lire dans son intégralité : ICI
Et des liens vers quelques sites dédiés au Tibet, parce que cela faisait longtemps et qu'il ne faut pas oublier :
- La Communauté Tibétaine de France,
- le site de la Maison du Tibet,
- celui de Claude B. Levenson, "témoin privilégié de la lutte politique non violente du peuple tibétain",
- celui d'un photographe passionné de Chine (très beaux clichés de moines tibétains et écrits percutants),
- et enfin celui de Morgane, fervente militante pour le Tibet libre.
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